EN BREF
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La beauté des plages tunisiennes, avec leurs eaux turquoise et leur sable doré, attire chaque année des millions de visiteurs. Cependant, ce paysage idyllique cache une réalité inquiétante : l’érosion côtière, un phénomène naturel exacerbé par l’activité humaine et le changement climatique, menace de transformer ces joyaux naturels en souvenirs oubliés. Chaque année, des fragments de côtes disparaissent, laissant derrière eux des traces d’une beauté éphémère. Il devient essentiel d’alerter sur cette dégradation, qui met en péril non seulement l’écosystème local, mais également l’identité culturelle et économique d’une nation. L’avenir de ces plages, qui ont tant de récits à raconter, pourrait bien s’écrire en lettres de désespoir si des actions ne sont pas entreprises rapidement pour préserver ce patrimoine unique.
Les causes de l’érosion côtière en Tunisie #
L’érosion côtière en Tunisie est un phénomène complexe, largement accéléré par une combinaison de facteurs anthropiques et naturels. L’urbanisation désordonnée le long du littoral tunisien a mené à la disparition des dunes bordières, essentielles au rechargement naturel en sable. Des constructions mal pensées ont aussi recouvert le lit des oueds, ces rivières vitales qui charrient les sédiments vers la mer, réduisant ainsi leur contribution à la lutte contre l’érosion.
En parallèle, le changement climatique joue un rôle significatif. La hausse des températures entraîne des tempêtes plus violentes et une élévation rapide du niveau de la mer, particulièrement constatée en Méditerranée. Ces phénomènes combinés accroissent l’érosion des plages, menaçant directement les projections touristiques pour les années à venir.
Un impact dévastateur sur le littoral tunisien #
La Tunisie, avec ses 570 km de littoral sablonneux, souffre d’une perte moyenne de 1,5 mètre de côte par an, ce qui a déjà englouti 90 km de plages jusqu’à aujourd’hui. Des plages emblématiques comme celles de Hammamet, Monastir et Sousse subissent les impacts les plus dramatiques. Selon un rapport, à Hammamet, l’érosion a contribué à la perte de 24 000 m² de plage entre 2006 et 2019.
Cette érosion rapide transforme des attractions touristiques clés en souvenirs en voie de disparition, affectant non seulement l’économie touristique mais aussi l’environnement local et les communautés qui en dépendent.
Solutions temporaires et défis futurs #
Face à cette menace persistante, des initiatives comme le réensablement des plages ont été mises en place. Par exemple, à Hammamet, 15 000 m³ de sable ont été déversés pour restaurer les plages avant la saison estivale. Cependant, bien que cruciales d’un point de vue esthétique et économique, ces actions ne sont pas des solutions durables.
Des structures comme des digues et des palissades pour fixer le sable montrent des promesses. La mise en place de plusieurs kilomètres de palissades a, par exemple, aidé à stabiliser les dunes sur d’autres plages tunisiennes. Pourtant, des actions plus intégrées et respectueuses de la dynamique côtière et des écosystèmes locaux sont nécessaires.
Coûts et conséquences économiques #
Le coût élevé des interventions est un frein majeur. En 2024, les actions de réensablement à Hammamet, Monastir et Sfax ont coûté environ un million d’euros. Cependant, le tourisme demeure vital pour l’économie tunisienne, représentant jusqu’à 14% du PIB et générant des milliers d’emplois.
Pour préserver l’attrait touristique tout en protégeant l’environnement, un équilibre doit être trouvé. Comme le souligne Narjess Bouasker, directrice de l’hôtel Menara, « La priorité est de récupérer la plage sans compromettre la beauté de la ville. »
Vers une approche durable #
Répondre efficacement à l’érosion côtière nécessite une approche multifacette. Outre les actions de réensablement, il est crucial de repenser l’aménagement littoral pour respecter les dynamiques naturelles. Cela inclut la préservation des dunes bordières et des oueds, ainsi que l’implémentation de structures durables pour fixer le sable.
Les autorités et les organisations environnementales doivent collaborer pour développer des stratégies de long terme, conciliant préservation du paysage et protection contre l’érosion. Cet effort collectif est indispensable pour éviter que les plages tunisiennes ne deviennent que des souvenirs oubliés.