EN BREF
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À Bordeaux, la silhouette majestueuse des paquebots qui accostent sur les rives de la Garonne soulève des questions passionnantes et complexes. D’un côté, ces géants des mers apportent une afflux massif de touristes, promettant des retombées économiques non négligeables pour la ville et ses environs. De l’autre, la montée en puissance de ce tourisme de masse suscite des préoccupations quant à l’impact environnemental et à la dégradation de l’expérience locale. Ainsi, Bordeaux se trouve à un tournant où le charme historique de ses rues pourrait entrer en conflit avec l’essor économique impulsé par ces géants des mers. Entre opportunités économiques et menaces pour le patrimoine immobilier et culturel, le débat s’ouvre : le passage des paquebots constitue-t-il un atout pour la ville ou un danger pour son identité ?
L’Impact des Paquebots sur le Tourisme Local #
La ville de Bordeaux, joyau de la Gironde, a connu ces dernières années une augmentation significative de l’accueil des paquebots de croisière. Si cette pratique semble promettre de nouvelles perspectives, elle soulève également des inquiétudes sur son impact sur le tourisme local et l’image de la ville.
Les autorités ont récemment annoncé que certains navires accosteront en aval du pont Chaban-Delmas, ce qui pourrait modifier le flux des visiteurs. Selon Brigitte Bloch, présidente de l’office de tourisme de Bordeaux Métropole, l’impact de ces changements ne sera pas uniforme. En effet, certaines professions, comme les guides touristiques et les commerçants du cœur de ville, ressentiront plus fortement cette mutation.
Une Concurrence Inégale pour les Acteurs Locaux #
Tous les secteurs ne seront pas affectés de la même manière par la présence des paquebots. Les conséquences varient selon la nature des activités économiques :
- Services portuaires : Impact direct sur leur activité en fonction de l’emplacement des navires.
- Transporteurs : Nécessité de réajuster leurs trajets pour s’adapter à l’emplacement des débarquements.
- Commerçants : Ceux situés près des nouveaux points d’accostage pourraient bénéficier d’une clientèle accrue.
Cette dualité met en lumière le caractère précaire du tourisme lié aux croisières. Bien que les paquebots génèrent une dépense moyenne de 150 euros par passager au sein de Bordeaux, représentant environ 50 000 nuitées annuelles, leur impact reste relativement limité par rapport au flux global des touristes (4 millions par an) qui privilégient des séjours plus longs.
Les Nouveaux Défis à Relever #
Un autre point de préoccupation réside dans la perception des paquebots par les Bordelais. En 2021, 14 % des habitants considéraient leur présence comme nuisible, un chiffre qui a grimpé à 25 % en 2023. Cette opinion pourrait influencer l’accueil des visiteurs et l’expérience des passagers se rendant en ville.
Il est intéressant de noter que Bordeaux n’est pas à l’origine de ces croisières. En comparaison, d’autres ports comme Marseille ou Le Havre accueillent un nombre beaucoup plus élevé d’escales et de passagers, ce qui souligne la nécessité de trouver un équilibre entre l’attrait de ces croisières et le bien-être des Bordelais.
Vers un Tourisme Responsable #
Brigitte Bloch souligne l’importance de maintenir un port accueillant tout en encourageant une approche plus durable face à l’arrivée des paquebots. Bordeaux a un avantage indéniable : quelques-uns de ses ports européens, comme Dubrovnik ou Copenhague, peuvent accueillir des navires en centre-ville. Cet atout doit être exploité, en veillant à ce que seuls les navires respectueux de l’environnement accostent à Bordeaux.
Pour l’avenir, l’objectif de l’office de tourisme est de créer un équilibre harmonieux entre les opportunités économiques que ces croisières peuvent apporter et la protection de l’identité portuaire de la ville. La clé résidera dans un dialogue continu avec les acteurs du secteur, afin de transformer ce défi en une expérience enrichissante pour la ville et ses visiteurs.